
Les femmes peuhles des campements des zones rurales du Togo et du Bénin se sont retrouvées à un symposium mixte dans une salle de conférence à Anié autour d’une même table avec les hommes leader peuls (Rougas) osant prendre la parole pour s’exprimer librement au sujet de l’inhumation de leur tradition de discrimination et d’asservissement de la femme peuhl en vue de l’adoption d’une nouvelle norme sociale pour leur émancipation, leur épanouissement leur autonomisation économique !!!
Incroyable ! Ce sont les femmes de la communauté peuhles qui se sont retrouvées à Anié autour d’une même table en présence des médias, des chefs de service, les responsables d’ONG ainsi que la population d’Anié. Ce sont elles qui ont composé le bureau devant conduire les travaux en ateliers et les hommes ont adhéré aux résultats sans difficultés :
La question principale qui a meublée les travaux est la suivante : Qui sont les détenteurs de ce pouvoir de reconversion d’une femme sous un joug d’asservissements à une femme émancipée ?

Pour répondre à cette question, un reportage a été fait chez les responsables des ONG ADDMIR, TAMA’DE, GAUSEN-DIP, OREPSA et KPAAL N’PAAG du Togo, FPB du Bénin bénéficiant d’un appui technique et financier de BMZ pour conduire le projet de « Contribution à l’amélioration des conditions de vie et à l’autonomisation économique des femmes peuhles du Togo et du Bénin » et voici leurs constats à la suite du reportage.
Les détenteurs du pouvoir de reconversion d’une femme sous un joug d’asservissements à une femme émancipée sont les femmes de cette communauté qui ont compris que l’état dans lequel elles se trouvent ne leur permet pas de s’émanciper.
Désormais :
-La femme peule a rompu avec ce lien qui la maintenait exclusivement au foyer et le rôle qui lui était dévolu en une machine de reproduction à raison d’un enfant par an.
-La femme et son mari s’entendent aujourd’hui pour limiter la naissance et acceptent de faire un planning familial.
-Dans les zones du projet, 70% des foyers ont fait le planning familial ;
-80% de femmes sont dans de diverses AGR comme la transformation du lait en fromage, la transformation des amandes de karité en beurre, la transformation du soja en fromage et du lait de soja, la vente du savon traditionnel, achat et revente de céréales, le maraichage, vente des ustensiles de cuisines, ainsi que dans les tontines.
-La traite des enfants (mariage précoce et forcé, placements d’enfants à des fins pécuniaires pour le chef de famille, phénomène talibé, etc est enterré pour la scolarisation ou l’apprentissage de métiers pour tous les enfants.

Ces objectifs sont atteints dans un intervalle de 2,5 ans de mise en œuvre du projet et voici les indicateurs d’impacts:
– 80% des enfants sont scolarisés dans les zones du projet.
-En moyenne 8 écoles de fortune sont construites par les habitants des campements isolés des écoles publiques.
-les filles en âge d’enlèvement pour le mariage forcé et précoce, sont suivies et dès que la menace est constatée les parents sont dénoncés par les comités de suivi installés dans les campements
– 70% des ménages ont adopté le planning familial)
Etc.
A la question de savoir « quelle est la stratégie de sensibilisation qui a impacté le peul de l’Azouack, de Danbo, de Kano etc ; éleveur très conservateur à se reconvertir en optant désormais pour l’orientation de leurs fils et filles vers d’autres métiers comme la couture, la maçonnerie, la mécanique automobile ou motocyclette, en bref vers les autres métiers de l’artisanat ? »

La réponse est claire: la stratégie qui a impacté le peuhl est la sensibilisation lors des symposiums et séminaires ainsi que dans les campements peuls qui ont révélées que la tradition comportait de mauvaises prescriptions qui nuisaient à l’épanouissement de la communauté peuhl et surtout de la femme peuhle.
Voici la réponse des grands conservateurs de la tradition d’élevage à les entendre: « ce projet nous a ouverts les yeux. Nous savons que le contrat de sous-traitance avec les propriétaires des troupeaux ne peut que nous maintenir dans l’extrême pauvreté. Il est donc nécessaire d’orienter nos enfants vers d’autres métiers porteurs d’avenir.» et nous allons nous battre pour cela.