Lomé, 10 juillet 2025/Lors d’une conférence de presse ce 9 juillet, quatre ministres togolais (Sécurité, Administration territoriale, Droits de l’Homme et Enseignement technique) ont réaffirmé la position de l’État face aux récentes manifestations, qualifiées de « tentative de déstabilisation planifiée via les réseaux sociaux ».
Cette sortie médiatique intervient après des échanges avec le corps diplomatique et répond aux événements des 26-28 juin, marqués par une répression sanglante ayant fait sept morts selon les organisations de droits humains.
Les autorités ont rappelé l’application stricte de la loi N°2011-10 régulant les manifestations publiques, exigeant une déclaration préalable de 5 jours.
Le colonel Hodabalo Awadé, ministre de l’Administration territoriale, a martelé : « Les actes de vandalisme et les appels aux désordres ne sont pas des expressions démocratiques acceptables. Le gouvernement a la responsabilité de protéger les citoyens ».
Cette posture légale contraste avec les témoignages recueillis par Amnesty International, décrivant des arrestations arbitraires et des intrusions domiciliaires par les forces de sécurité lors des manifestations de juin.
Les ministres ont accusé des acteurs externes d’utiliser des images manipulées (dont certaines générées par IA) et des vidéos « hors contexte » pour semer le chaos. Isaac Tchiakpé a salué les médias « responsables » tout en les exhortant à « faire barrage aux manipulations » – une réponse aux vidéos virales montrant des miliciens cagoulés aux côtés des forces de l’ordre.
Pacôme Adjourouvi (Droits de l’Homme) a défendu le « professionnalisme des forces de sécurité », malgré les allégations de tortures sur des détenus, dont un adolescent de 17 ans.
Awadé a élargi la crise au contexte sahélien, comparant les appels à manifester à du « terrorisme » :
« Quand on invite à la violence gratuite, quelles que soient les raisons, c’est du terrorisme. L’exemple libyen nous avertit. »
Cette analogie survient dans un climat où des corps de manifestants ont été repêchés dans les lagunes de Lomé, le gouvernement attribuant ces décès à des « noyades accidentelles » face aux accusations d’exécutions.
Le gouvernement a confirmé la tenue des municipales du 17 juillet, promettant « aucune faveur pour les trouble-fêtes ».
Calixte Madjoulba (Sécurité) a annoncé des poursuites internationales contre les « instigateurs » :
« Ils seront recherchés partout dans le monde avec nos partenaires. »
Une déclaration qui fait écho au récent procès de 31 manifestants, dont 19 condamnés à des peines de prison, des verdicts dénoncés par les avocats pour « absence de preuves ».
Les ministres ont enjoint aux Togolais de « se méfier des réseaux sociaux » et salué la « majorité sage » restée à l’écart des protestations. Un discours qui peine à convaincre dans un pays où 76% des citoyens jugent légitime l’usage de la force pour discipliner, et où la jeunesse exige un changement après 58 ans de pouvoir dynastique.
Togoreport/Landrykoss