Les 117 communes togolaises font face à une pénurie de professionnels qualifiés pour superviser et contrôler le secteur de la construction, une situation critique soulevée, lundi 21 octobre 2024 à Lomé par l’Ordre National des Ingénieurs du Togo (ONIT), avec le soutien de l’Ordre National des Architectes du Togo (ONAT).
Ce constat intervient dans un contexte où la décentralisation a attribué aux communes de nouvelles responsabilités, sans toutefois leur fournir les moyens humains et techniques nécessaires pour les assumer efficacement.
Les ingénieurs et architectes tirent la sonnette d’alarme après plusieurs incidents tragiques causés par des défauts de construction, ayant entraîné la perte de vies humaines.
Ils dénoncent le fait que, malgré la décentralisation, aucune commune n’est actuellement équipée pour superviser convenablement les demandes de permis de construire ou effectuer les vérifications techniques des projets en cours.
Les autorités locales, qui devraient jouer un rôle clé dans l’octroi des permis et la surveillance des chantiers, manquent souvent d’équipements et de ressources humaines qualifiées pour remplir ces missions essentielles.
Cette situation expose les citoyens à des risques croissants, comme en témoignent les récentes tragédies.
La décentralisation, lancée au Togo avec la création des 117 communes en 2019, visait à rapprocher les centres de décision des populations locales et à permettre aux communes de jouer un rôle plus actif dans la gestion de leurs territoires.
Cette réforme a transféré plusieurs compétences aux communes, notamment en matière de gestion des permis de construire, de développement urbain et de supervision des travaux publics.
Cependant, comme le rappellent les professionnels du secteur, cette transition n’a pas été accompagnée d’un renforcement suffisant des capacités techniques des administrations locales.
La pénurie de personnel qualifié, notamment d’ingénieurs civils et d’architectes, est l’une des principales causes de cette inefficacité.
De nombreuses communes ne disposent pas des compétences nécessaires pour évaluer les projets de construction, contrôler la qualité des matériaux ou vérifier la conformité des bâtiments aux normes de sécurité.
Pour relever ces défis, l’ONIT et l’ONAT appellent les autorités à mettre en place des programmes de formation et à recruter des experts pour soutenir les municipalités dans leurs nouvelles missions.
Ils insistent sur la nécessité de doter les administrations locales des ressources humaines et techniques adéquates, une condition indispensable pour garantir la sécurité et la qualité des constructions dans le pays.
La politique de décentralisation, bien qu’ambitieuse et nécessaire, doit être accompagnée de moyens accrus pour permettre aux communes de mener à bien leurs missions.
Togoreport/Landrykoss